Tout commence par le journal du docteur Henry Jekyll : du fond d’une cave - ou de son laboratoire oublié -, dans la pénombre baignée des gouttes de pluie qui ruissellent obstinément du plafond meurtri, le docteur Jekyll nous raconte qu’il a toujours été…deux !
Sur son invitation, nous allons comme à rebours suivre les événements qui ont généré la vocation du médecin, son attrait pour les sciences fondamentales. Mais surtout l’ambition néfaste de rivaliser avec Dieu en séparant le bon et le mauvais chez l’homme.
Au fil de l’histoire et du scénario original emprunté à Stevenson, le philosophe
François Flahaut apportera son éclairage, sa lecture du mythe Jekyll, sous la
forme d’intermèdes métaphysiques à la portée de tous.
Durant ce voyage hors des sentiers battus, le comédien Frank Manzoni sera
entouré comme pour La jeune fille aux mains d’argent d’un choeur amateur et de deux autres artistes : la soprano Brigitte Peyré et le jeune Baryton danseur Yannis François, originaire du Ballet Béjart à Lausanne.
Jekyll est l’occasion pour Télémaque et Parnas de poursuivre l’aventure
commencée il y a 10 ans. Et d’affiner encore une recherche croisée tout à fait
originale entre musique et théâtre, un travail charnel et sonore sur le double qui va s’imaginer cette fois-ci à trois confluents : théorie, fiction et musique.

Le projet « Docteur Jekyll et Mister Hyde » est l’occasion pour moi de poursuivre une aventure commencée il y a plusieurs années avec Raoul Lay et l’Ensemble Télémaque : une recherche croisée tout a fait originale sur les liens entre musique et théâtre.
Recherche croisée car elle commence dès les premiers rêves sur le projet et se décline à chaque création de manière différente. Parfois c’est le choix d’un texte qui est à l’origine d’un spectacle, parfois un thème porté par le compositeur.
La première fois qu’il m’a exprimé son désir de travailler avec moi, Raoul Lay avait été particulièrement troublé et intéressé par mon travail théâtral sur le double, obsession récurrente qui me fait souvent porter un personnage par deux acteurs.
« Docteur Jekyll et Mister Hyde » est donc l’aboutissement logique de cette
attirance commune. Travail sur le double, double direction… ici le duo devient trio car le projet s‘élabore aussi avec le philosophe F. Flahaut. Les idées se
confrontent, rebondissent.
Le rapprochement entre narration classique et exégèse philosophique m’a fait penser à un film que j’ai beaucoup aimé “Mon oncle d’Amérique” d’Alain Resnais où l’histoire, la narration servait en quelque sorte d’illustration aux thèses du biologiste Henri Laborit. C’est ce tressage là que nous allons imaginer entre théorie, fiction et musique.

CATHERINE MARNAS